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Réapprendre à apprendre

Lucidiot Réflexions 2015-10-28
La fainéantise, ça me connaît. Et pourtant, ça m'énerve.


Bonjour, bonsoir à tous ! Aujourd'hui voici une nouvelle réflexion pseudo-philosophique critique et pessimiste, qui traînait depuis quelque temps dans ma tête. Comme j'aime écrire des articles sans qu'ils soient lus et en regretter presque aussitôt le contenu car je me rends compte avec le recul que je dis souvent n'importe quoi, j'ai décidé de vous la partager.

Dans le contexte de la réforme Collège 2016, le titre de cet article porte fortement à confusion. En effet, une guerre est en cours, notamment sur Twitter, entre deux clans de professeurs, dont l'un, surnommé par son rival les pédagogos, veut réformer le collège et apporter de nouvelles approches à l'apprentissage en classe, tenant compte notamment du je-m'en-foutisme des élèves à l'égard de ces établissements et transformant les cours en cour de récréation.

Mais aujourd'hui je ne suis pas là pour parler de ça. Je vais plutôt parler d'un sujet touchant particulièrement le domaine de l'informatique : l'asservissement. C'est un problème que nous avons tous rencontrés, d'un côté ou de l'autre : l'un ne sait pas comment faire quelque chose sur un ordinateur, alors il appelle l'être humain le plus proche disponible et semblant avoir quelque connaissance en la matière pour qu'il fasse l'action à sa place.

Oui, les personnes demandant de l'aide vont dire « Comment on fait ? », mais finalement ce sera l'aidant qui va effectuer l'action, et l'aidé ne tirera rien de cela. Par cette phrase, je n'accuse point les aidants, qui sont en fait sous la contrainte de faire ça, sous peine de subir des reproches sur leurs soi-disants caractères égoïstes ; j'accuse les aidés, que je vais plutôt appeler assistés.

Beaucoup de gens me font toujours les mêmes remarques et se demandent comment je fais pour être aussi doué en informatique. La réponse est simple : je sais fouiller. Il m'arrive, lorsqu'on me demande de l'aide, de ne pas savoir non plus la réponse. Dans ce cas, je ne reste pas là sans rien faire et je ne vais pas aller demander à quelqu'un d'autre de m'aider à aider — ce serait comme si un de ces professeurs jeunement embauchés et sous-qualifiés accepterait le fait qu'il n'est qu'un bon à rien —, je fouille. Je cherche. Pas seulement en tapant la question sur Google — ce qui est souvent inutile — mais surtout en regardant un peu partout sur l'ordinateur, le logiciel, la configuration, sur tout ce qui pourrait avoir un lien avec le problème dont il est question.

Je ne suis pas si doué que ça avec les logiciels de bureautique, hormis les quelques éléments que j'ai pu découvrir en farfouillant ces logiciels durant des journées d'ennui. Prenons en exemple la suite Office et le Ruban, qui facilite beaucoup les choses. Dans Word, je sais que les fonctions les plus utilisées se trouveront dans l'onglet Accueil, c'est logique, et tout ce qui concerne l'ajout au document de quelque chose d'autre que du texte sera nécessairement dans l'onglet Insertion. Ce qui concerne la page contenant le texte, dans l'onglet Mise en page, etc.

Tout cela est déduit très rapidement sans besoin de beaucoup de réflexion, mais déjà là beaucoup d'utilisateurs s'arrêteront. Ils resteront fixés sur ce qu'ils voient à l'écran, et pas sur les éventuelles actions qu'ils pourraient faire pour chercher la réponse à leur problème. Mais je ne fais pas que ça, car d'autres éléments sont présents dans la quasi-totalité des logiciels, comme les info-bulles (des descriptions s'affichant lorsqu'on immobilise le curseur sur un bouton, une zone de texte, etc.) ou la touche F1. Je concède avoir déjà utilisé l'aide de Windows, malgré une longue expérience avec la suite de systèmes, tout comme celle d'Office. En tant que développeur, je congratule au passage tous ceux ayant contribué à la documentation MSDN — une mine d'informations pour tous les développeurs sur les technologies Microsoft et qui m'a beaucoup servi.

Voici une petite anecdote réelle qui va servir à mon propos. Il ne m'est pas rare, au moins depuis le début du collège et ce jusqu'à maintenant dans mon BTS informatique de devoir porter assistance à tout le monde et même au professeur. Ce harcèlement a atteint son paroxysme au lycée, où je me souviens avoir dû courir partout lors des TP de SVT ou de physique-chimie dès que nous devions utiliser un quelconque appareil électronique. Que ce soit pour mener des actions que nous avions appris il y a un ou deux ans en arrière et que nous avons répétées des dizaines de fois ou pour utiliser une fonction facile à trouver mais cachée simplement dans un menu de la barre de menus, c'était toujours au « geek » de bosser. Qu'on me pose des problèmes à mon niveau, ou dont j'ai la certitude qu'ils ne relèvent pas d'utilisateurs lambda, je veux bien. Mais pas de telles choses triviales !

En milieu scolaire, l'un des plus gros inconvénients est le manque de moyens. On est contraints à avoir recours au logiciel libre, et bien que je sois fermement opposé à l'existence même de cette chose abominable nommée « copyright » les logiciels propriétaires sont majoritaires en dehors, et aucun moldus de cette communauté n'aura touché aux logiciels libres dans sa vie. Leur interface, souvent très différente de leurs équivalents propriétaires, est extrêmement déroutante pour beaucoup — je suis compris dans le lot, disposant sur mon ordinateur de quelques rares logiciels libres parmi tout un tas d'autres gratuits ou crackés —, et les logiciels à buts éducatifs même propriétaires ont une interface suffisamment mauvaise pour qu'un Windows entier en Comic Sans ne soit pas une gêne comparé à eux. Les élèves sont donc tous perdus et les professeurs aussi, et ils n'auront finalement aucune expérience en logiciel propriétaire que libre.

En bref, quand je me pose une question ou quand je me retrouve devant un problème, je ne reste pas coincé en attendant qu'on me dise quoi faire ; je cherche une solution. Et c'est ça qu'il manque à beaucoup de personnes aujourd'hui : on peut demander de l'aide, mais d'abord on cherche soi-même. On en tire bien plus d'apprentissages, et quand on résout un problème plutôt épineux on a de la satisfaction personnelle. La curiosité est un excellent défaut.


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