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About copyright

Lord Vlad Réflexions 2024-04-19


Introduction

J'ai toujours eu du mal à accepter le droit d'auteur, tel que je le connais aujourd'hui. Il m'est souvent venu à l'esprit qu'il serait peut-être préférable de s'en débarrasser complètement. D'autres fois qu'il faudrait reprendre de zéro et réécrire tout ça. En tout cas, quelque chose ne tourne pas rond. Une partie ou la totalité de ce concept a quelque chose d'intrinsèquement dégouttant.

Je vais essentiellement penser en écrivant, donc je ne vais probablement pas faire un aussi bon travail que par exemple cet article de 2006, que le temps passe vite... ou ceci : YouTube's copyright system isn't broken. The world's is.

Je vais m'épargner de faire un historique complet du droit d'auteur et d'où il vient. J'ai fait des recherches et bien sûr, je comprends que l'invention du droit d'auteur a en grande partie, permit aux auteurs de s'établir comme une profession et aux artistes en général d'être rémunérés selon un système plus juste et libre que tout ce qui existait à ses débuts. Cela dit, il a aussi permit aux éditeurs, imprimeurs et autres non-créatifs de s'approprier des monopoles et dans certains cas d'acheter à vil prix les droits qui auraient dû rester à l'artiste. Je résume énormément.

Seulement l'évolution de la technologie signifie aussi l'évolution de la technique. Et je ne parle pas que de la copie, comme trop d'autres le font. Certes, on peut faire un nombre infini de copies d'une œuvre pour un coût quasiment nul (l'électricité nécessaire à un ordinateur pour écrire quelques données), mais aussi faciliter la création. Internet sans les caméras dans toutes les poches, les programmes de modification d'image, de composition, d'enregistrement audio, de montage vidéo, de rédaction littéraire, ... ce serait quand même vachement plus vide. Des copies des peintures de David ne rempliraient pas Deviantart, si vous voyez ce que je veux dire, et beaucoup ne développeraient pas les mêmes compétences avec un vrai pinceau en main plutôt qu'une tablette graphique.

Et c'est cela, à mon sens, qui est le plus dommageable. Ne pas permettre l'accès à un travail existant est certainement frustrant. Tous ceux qui n'ont pas les moyens de le voir, ou que l'impossibilité de le partager librement prive d'exposition à l'œuvre, auraient peut-être tiré quelque chose de cette expérience, peut-être que cela aurait amélioré la qualité de leur propre art. Mais plus que ça, je déplore le nombre absolument démentiel d’œuvres imaginées et jamais réalisées parce qu'elles sont des œuvres dérivatives. Si je pense qu'un livre a commencé à flancher à partir du troisième chapitre, pourquoi ne pourrais-je pas le réécrire à ma sauce depuis ce point ? Et un film ? Si j'en ai les moyens, pourquoi pas ? Incomptables révélations culturelles que nous avons manqué... Et ce n'est rien à côté des innovations et du progrès dont on se prive en isolant des découvertes scientifiques et du code.

Peut-être ne pas avoir les 10 mêmes musiques libres de droit partout, aussi... Rien contre Kevin McLeod, j'adore même ce qu'il fait, mais à choisir je ne l'écouterais quand même pas en boucle. Mais c'est un détail.

Lieux communs

Je vais enfoncer des portes ouvertes, mais voici quand même une petite liste de celles que je vais éviter et qu'on entend le plus quand on parle de la désuétude du copyright :

Le droit d'auteur dure trop longtemps. La durée de protection s'étendant jusqu'à 70 ans après la mort de l'auteur est inutilement longue. Les grandes entreprises ont recours à des revendications de droits d'auteur pour faire taire la critique et la parodie. Parfois même simplement pour racketer des gens et/ou artistes. Le système du droit d'auteur actuel est biaisé en faveur des grandes entreprises qui peuvent se permettre de se battre pour leurs droits en justice. Le copyright actuel est souvent trop restrictif et ne tient pas compte des réalités du monde numérique actuel. (le robot DRM de youtube est un bon exemple) Le droit d'auteur empêche certains personnages ou propriétés intellectuelles d'être réutilisées depuis des années, car ceux qui en possèdent les droits n'en font rien.

Exemple notable

Voilà ce que je considère un bon exemple de ce que je voulais dire par quelque chose qui ne tourne pas rond : Sans Battle - Stronger Than You (Undertale Animation Parody)

Pourquoi ? Parce que cette vidéo est une anomalie du droit d'auteur. Voyons la description : "So basically someone made an 8 bit cover of a song from Steven Universe, another person made lyrics for an Undertale version of the same song and a comic based off it, then someone else sung it, and now I animated it. I love the Internet."

Premièrement, l'inspiration tirée de la chanson de Steven Universe constitue déjà une violation du droit d'auteur, même s'il n'y a que la mélodie en commun, oui, vraiment. Youtube a plus ou moins négocié avec les ayant-droit, donc il n'y a que peu de chances que la compagnie détenant Steven Universe attaque en justice, mais il est possible que l'ensemble du revenu publicitaire de cette vidéo leur soit magiquement tombé dans les poches. Et deuxièmement, c'est une collaboration "spontanée" d'artistes qui, autant que je sache, se sont tous mis d'accord pour que les couches successives se superposent. Or, cela va, relativement, à l'encontre de l'esprit de ce que le droit d'auteur voudrait nous faire respecter. Pas de plagiat ! Pas de réutilisation ! Protégez votre propriété intellectuelle ! Tout le monde veut vous la voler !

Seulement voilà, l'oeuvre commune a plus de 82 millions de vues à ce jour; le cover 8-bit, qui sert de base, lui en a moins d'un million, dont une bonne partie vient probablement de gens qui ont simplement suivi le lien dans la description de l'oeuvre commune (les sources sont bien indiquées.) Voilà ce que l'addition des talents peut créer.

Mort de l'auteur

L'auteur doit mourir.

L'auteur en tant que décisionnaire de ce que peut devenir son œuvre, en tant qu'arbitre de ce qu'on peut en prendre et modifier, doit mourir.

Étant beaucoup dans l'informatique et le monde des logiciels libres, je connais toutes les licences libres quasiment sur le bout des doigts (les noms, je veux dire, je ne vais pas retenir les textes légaux, pas fou) et je suis bien conscient d'une chose : on réinvente constamment la roue. Non content de réécrire de temps en temps le même logiciel dans un autre langage, souvent plusieurs compagnies se font la guerre dans le même domaine et réécrivent les mêmes mauvaises fonctions pour mal faire la même chose, logiciels qui finiront de toutes façons un jour à la corbeille car la compagnie responsable ne donnera probablement jamais le code source à la communauté et une fois qu'elle fera faillite, le code coulera avec le navire. Tant d'effort gâché dans une infrastructure qui pourrait être commune.

Je ne souscrit pas à la notion que l'auteur soit éternellement lié à son oeuvre. Si j'étais lu, je m'attirerais de la controverse, mais je ne suis pas d'accord avec la notion de base des licences Creative Commons, l'attribution. L'attribution doit servir à trouver qui est à la source d'un certain travail appréciable, trouver où se trouve le reste de son oeuvre, si on l'apprécie, ou on l'évite. Mais après la mort (physique) de l'auteur, ou après un certain nombre de modifications, cela n'a plus beaucoup de sens. En réalité, la science et l'art éclipsent la majorité d'une masse de travaux, et leurs auteurs ne sont plus que les contributeurs anonymes d'un mouvement ou d'une découverte. Je sais que beaucoup rêvent qu'on se souvienne d'eux pour leur oeuvre, immortalité de façade, mais c'est extrêmement vaniteux. En réalité, la science et l'art écrasent la majorité d'une masse de travaux ensemble et leurs auteurs ne sont plus que les contributeurs anonymes d'un mouvement ou d'une découverte. J'emmerde Chopin, Einstein et Ptolémée, dont l'histoire se souvient du nom. Ce soldat inconnu qui a fait certain un coupe-papier pendant la première guerre mondiale avec une douilles d'obus est tout aussi immortel qu'eux.

Passé un certain temps, il n'y a plus vraiment d'intérêt -outre l'archive historique- à attribuer une peinture, ou un bout de code, ou bien sûr une idée, à la première personne qui aurait travaillé sur ce qui devient finalement une partie de la culture. On a pas éternellement de droits sur son oeuvre, comme un enfant, finalement, après un certain temps, elle a grandi, changé ou au moins vieilli et il faut accepter qu'elle doit être libre. Même si personne ne l'a retravaillé, si elle a été vue un minimum, disons, elle a été copiée à chaque fois. Même s'il n'existait qu'une seule copie physique, il existe autant de copie mentale que de spectateur et à ce titre, elle pourra teinter les choses qu'eux-même feront, consciemment ou pas.

On ne peut pas contrôler la copie, quand elle peut-être mentale. Dans ce sens, le copyright n'en a aucun.

Subsistance de l'auteur

Mais l'auteur doit vivre.

L'auteur en tant que source, si possible continue et en permanente amélioration, doit vivre. Donc il est évident qu'il doit être rémunéré.

Et force est de constater que les lois actuelles sont absolument horribles pour ce rôle. Si peu d'auteurs de propriété intellectuelle peuvent vivre des revenus que cela génère que ça en est indécent. Trop souvent, ce sont les éditeurs, les producteurs, les diffuseurs et autres intermédiaires qui tirent profit des œuvres, laissant les véritables créateurs dans l'ombre et dans la précarité. Les lois sur la propriété intellectuelle sont complexes et difficiles à comprendre pour les créateurs qui, souvent, ne possèdent pas les compétences juridiques nécessaires pour défendre leurs droits. Ensuite, les contrats passés entre les créateurs et les éditeurs ou les producteurs sont souvent déséquilibrés, au détriment des premiers.

J'ai dit que je ne parlerais pas particulièrement de la durée du droit à la propriété intellectuelle, mais je dois quand même souligner une chose, c'est probablement beaucoup plus inutile que vous ne le pensez. Un film passe ou casse sur quelques semaines en salle. Un photographe vend une certaine photo de-ci de-là durant peut-être un an. Un groupe de musique fait ses ventes d'albums surtout à la sortie et se finance surtout par les ventes de billets de concert et de produits dérivés. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'un an de protection de la propriété intellectuelle suffirait pour le monde de l'art, dans la conjoncture actuelle... mais cette remarque devrait mettre en perspective l'absurdité du système actuel de protection par défaut dépassant souvent un siècle.

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La vente de copyright

J'ai beaucoup lu que pas mal de gens critiquent le fait de pouvoir vendre le copyright de ce qu'ils font. Cette réaction que je comprends, vient sûrement des abus des grandes corporations avec les propriétés intellectuelles qu'ils ont parfois acquis d'autres corporations. Ou alors du monde de la musique où certains signent trop vite de mauvais contrats et ne tirent aucun profit d'une gloire pourtant réelle et méritée. Mais il faut comprendre que même dans un monde plus raisonnable, on doit pouvoir transmettre l'usage d'un travail intellectuel, au même titre que l'auteur... Je pense au software, surtout. On développe rarement un logiciel seul et aucune entreprise ne vous engagera si vous devenez

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La recherche

Dans le monde de la recherche, il est à mon sens particulièrement nécessaire de se défaire entièrement des notions de droit d'auteur. Actuellement, le seul intérêt des éditeurs scientifiques est de faire vérifier par des pairs les articles qui sont publiés et pour ce faire, ils demandent aux scientifiques de travailler bénévolement. C'est une industrie extrêmement profitable entièrement sur le dos du monde de la recherche, qui paie en travail bénévole et qui paie encore pour la publication même... en plus de payer tous les exemplaires qui seront achetés. On est là clairement dans le cas de la diffusion des connaissances, qui ne devrait idéalement (et c'est un idéal atteignable aujourd'hui) être soumise qu'aux barrières techniques du débit internet et de l'impossibilité de tout lire.

Le copyright peut également limiter la réutilisation des données et des résultats de recherche. Cela peut limiter la possibilité de réaliser des méta-analyses et de comparer les résultats de différentes études, ce qui est pourtant crucial pour faire avancer la recherche.

Voici un autre problème. OncoMouse breeds controversy

L'article traite du débat autour de l'utilisation de la souris transgénique appelée "OncoMouse", créée par des chercheurs de Harvard dans les années 1980 pour étudier le cancer. Bien que cet outil soit devenu essentiel pour la recherche sur le cancer, la société DuPont, qui détient les droits exclusifs de la licence, est accusée par de nombreux chercheurs de nuire à la lutte contre le cancer en imposant des frais élevés et des conditions restrictives pour son utilisation, y compris par les universitaires. Certains instituts de recherche ont même refusé de signer les accords de licence de DuPont, estimant que la société interprète de manière trop large les brevets. Harvard, à l'origine de la création de l'OncoMouse, est également critiqué pour ne pas intervenir face à la stratégie agressive de DuPont.

Le cas de l'OncoMouse illustre parfaitement pourquoi les outils liés à la recherche scientifique devraient être exempts de brevets ou de copyrights. En restreignant l'accès à cette souris génétiquement modifiée, DuPont entrave la recherche sur le cancer et ralentit potentiellement le progrès. Les brevets et les copyrights créent des barrières, empêchant les chercheurs d'accéder librement aux outils et aux connaissances nécessaires pour faire avancer la science. Et c'est valable pour tous les domaines, pas seulement la médecine.

Renseignez-vous ! Les brevets font parfois exploser le prix des médicaments pour des personnes qui en ont cruellement besoin. Il y a carrément de la spéculation sur les brevets. Tout un scandale sur des pompes à insuline protégées par des mesures de protection techniques (TPM) qui empêchent les utilisateurs et les chercheurs d'accéder librement à leur fonctionnement interne. Cela entrave la capacité à identifier d'éventuels défauts ou failles de sécurité, et à proposer des améliorations. Il a été découvert qu'il était possible de manipuler le signal des pompes, ce qui pourrait entraîner un relargage intempestif de toute l'insuline. Charmant.

Oui, je sais, les brevets et les copyrights ne sont pas pareils, mais ils partagent un esprit de protection de la propriété intellectuelle et je parle des abus de ce principe-là.

Les industries du droit d'auteur tirent d'immenses bénéfices des nouvelles technologies qui leur permettent de générer des profits, et pourtant, elles n'ont pas investi un seul centime dans le développement de ces innovations technologiques dont elles dépendent. L'industrie musicale engrange des revenus conséquents grâce à des plateformes comme iTunes et des appareils comme le MP3 ou le smartphone, mais n'y a nullement contribué financièrement. De même, les industries du droit d'auteur profitent pleinement d'Internet et des moteurs de recherche sans lesquels elles ne pourraient survivre, mais n'ont pas non plus participé à leur création.

Malgré cela, ces industries adoptent paradoxalement une attitude passéiste et défensive face à l'innovation, comme l'illustre leur approche du DMCA, au lieu de reconnaître que les nouvelles technologies créent de nouvelles opportunités dont elles pourraient tirer parti. Au contraire, l'activiste Rasmus Fleischer disait que dans une tentative de contrôler le Web 2.0, le droit d'auteur au XXIe siècle s'oriente de plus en plus vers la criminalisation de technologies entières.

On nous a vendu des radios avec un bouton pour enregistrer... avant de décréter que ce bouton était interdit et qu'il serait criminel de l'utiliser.

Imitation, flatterie, tout ça

J'ai un peu parlé de la paranoïa induite par la façon de penser incluse dans l'esprit du copyright. Tout le monde veut voler votre travail, vous devez le cacher, le protéger. Quand vous aurez publié votre premier grand-œuvre, vous atteindrez la richesse et la célébrité que vous avez toujours méritées, à moins qu'un vil voleur de contenu ne l'atteigne avant vous en republiant exactement ce que vous venez de faire ! Heureusement que le copyright est là pour vous !

Il existe une adage aux États-Unis selon lequel il n'y a pas de pauvres, simplement des milliardaires qui sont temporairement privés de biens. Chacun se comporte comme si un jour, c'était à lui de posséder un film à succès ou un roman best-seller, et il souhaite garantir sa part du succès. Et franchement, si ce que vous faites est si bon que ça, pourquoi n'êtes-vous pas déjà en haut des classements ? Pourquoi le pays entier ne connais pas votre travail ? Pourquoi n'avez-vous pas déjà cette Ferrari dont vous rêvez ?

Honnêtement, personne ne fait rien de rare. Il y a des millions de livres, de musique, des centaines de milliers de films, de sketches... j'ai déjà expliqué qu'il y a tellement de culture que j'ai peur pour ma part, d'en manquer des éléments qui me feraient résonner. Franchement, dans une telle tempête, plutôt que de s’inquiéter de se faire copier, ce serait déjà pas mal de se faire entendre. Pour ne parler que pour moi, si le caractère libre de tout ce que je fais peut amener mon message un peu plus loin, même par d'autres bouches, alors j'aurai encore mieux atteint mon objectif de laisser ma marque sur la culture, quand ça l'est.

Peu importe ce que vous faites, vous en êtes la seule source, on pourra vous copier, vous pirater, mais on ne peut pas créer de nouveau contenu comme celui que vous créez, ça ne sera jamais exactement pareil. Le public qui voudrait encore de ce que vous spécifiquement avez à offrir sait bien que sans support, sans subsistance, vous ne pourrez pas continuer à en produire et tout le monde en est conscient. Le voleur paresseux qui n'apporte aucune valeur et qui ne fait que vous voler, mais profite durablement du succès que vous auriez dû apprécier, n'est qu'un mythe. La popularité des Kickstarters et des plateformes de financement comme Patreon devrait vous en convaincre. Quand vous faites du contenu de qualité et que vous savez vous vendre un minimum, soyons honnête, les gens VEULENT vous payer.

Il y a beaucoup de discussion à ce sujet, mais il y a clairement une composante positive au piratage, certains disent même que cela augmente, au final les ventes. Je ne me positionnerai pas sur le sujet, mais clairement, avoir accès à une oeuvre ne peut que renforcer l'intérêt général pour celle-ci. En effet, ceux qui découvrent votre travail grâce à un partage non autorisé peuvent devenir de véritables fans, prêts à vous soutenir financièrement par la suite. Les œuvres piratée servent d'introduction à votre univers pour de nombreux spectateurs ou lecteurs qui, autrement, n'auraient jamais franchi le pas de l'achat ou de l'abonnement. Surtout que beaucoup de gens qui piratent n'ont simplement pas les moyens de se payer tout ce qu'ils piratent. Généralement, ce sont des produits bonus, qui supplémentent ceux pour lesquels ils seraient déjà prêts à payer.

Il est aussi important de considérer le piratage et le plagiat comme des formes de flatterie, même si cela peut sembler contre-intuitif. Quelqu'un a estimé que votre travail valait la peine d'être partagé, même sans votre consentement. Bien sûr, cela ne paye pas les factures, mais cela indique clairement que ce que vous créez résonne avec les gens. Dans un monde idéal, chaque partage serait rémunéré à hauteur des moyens de chacun, mais nous savons que la réalité est souvent différente. Les temps sont durs.

Le problème est potentiellement quand une grande corporation exploite votre travail, mais devinez quoi ? Avec les lois actuellement en place, vous ne pouvez plus ou moins rien y faire non plus.

Qu'est-ce que le vol de propriété intellectuelle de toute façon ?

Premièrement, voici une vidéo, longue et en anglais, mais qui, je trouve, fait un très bon travail de nuance sur ce qu'est le plagiat :

TomSka's Guide To Plagiarism (The Somerton Scale)

Sauf que, conformément à ce que je viens d'exprimer précédemment, je ne suis pas aussi dur avec le plagiat que Tomska. J'irai jusqu'à légitimer les niveaux huit et même neuf de son échelle, soit une copie complète, à la ligne près, refaite de A à Z suivant exactement le même plan, mais avec peut-être l'attribution, pour retrouver facilement le contenu original. Bon, évidemment, ça ne fonctionne pas avec du format texte, réécrire quelque chose exactement, ça sera automatiquement du niveau 10.

Même en copiant, on peut ajouter sa propre valeur à l'œuvre. Le meilleur exemple de cela ? Les reprises de chansons. Même piste instrumentale, même mélodie, mêmes paroles et pourtant, certaines reprises sont préférées à l'original.

En tout cas, il me semble que des chasses aux sorcières de ce genre sont relativement peu productives : CopyComicVideos

Ideaux and solutions ?

Les idéaux à atteindre et les manières pour y arriver serviront naturellement de conclusion, puisqu'ils sont renseignés par tout ce que j'ai appris jusque là.

Dans le principe, le droit d'auteur est fantastique, il permet aux créateurs de vivre de leur travail. Mais l'implémentation est désuète et inapplicable, parfois même l'inverse de ce qu'elle visait initialement, favorisant les méga-corporations et les intérêt de l'industrie au dessus de celui des créateurs. Faire table rase et réécrire l'intégralité de ces lois serait probablement une meilleure idée que de petits changements incrémentaux. Une réforme est nécessaire et inévitable, mais les lobbys de l'industrie en place et les drones sans imagination qui ne peuvent voir d'autres paradigmes, se dresseront inévitablement contre tout changement. Ce ne sera pas facile.

Nous devons nous dresser contre les abus de la protection de la propriété intellectuelle sous toutes ses formes : brevets, marques déposées, droits d'auteur. L'auteur, pour vivre, doit être rémunéré pour son travail, dans une certaine mesure en fonction de sa popularité, mais il ne doit pas être un facteur limitant à la circulation de son œuvre. Il devrait être associé à son oeuvre, mais pas son possesseur. La paternité, comme celle des enfants, n’entraîne pas la possession. En grande partie, je suis d'accord avec "Le modèle du contrat social" du premier article que j'ai lié : "la société est l’origine et la fin de toute production intellectuelle", "aucun individu ne peut s’en prétendre « l’unique créateur»", "la finalité [...] devrait être celle de toute production culturelle : enrichir gratuitement le public" "Son [l'auteur] travail intellectuel lui confère un droit à rémunération, lequel naît d’un contrat qui se forme entre lui et la société au moment de la publication."

Le copyright actuel crée une rareté artificielle, des données qui devraient être disponibles à plus ou moins tout humain sur terre sont restreintes en mettant un prix dessus et en punissant sa distribution. Par une culture de la jalousie et du consumérisme, on se prive mutuellement d'une énorme valeur collective. Le ralentissement récent d'outils d'Inteligence Artificielle (dont certains sont open-source) pour des raisons de propriété intellectuelle en est un exemple frappant.

Nous touchons tous à des créations intellectuelles, une taxe proportionnelle au revenu ne serait pas absurde. Quelque part, c'est un peu ce qu'il se passe déjà avec les plateformes de streaming actuelles et des institutions comme la BBC en Angleterre.

D'autres systèmes sont possibles, la France par exemple taxe les périphériques de stockage et redistribue une grande partie de cette taxe aux ayant-droit des copyright par ordre de popularité. Il y a énormément de problèmes avec ce système, par commencer qu'il profite avant tout à ceux qui n'en ont pas besoin car leurs revenus par les droits d'auteur actuels sont déjà les plus élevés, ou encore que la manière de compter l'audimat est fort biaisée. Mais ce système différent est possible et déjà en place. Un tel système avec une attribution bien faite, proportionnelle et limitée dans le temps pourrait bien être ce que j'imagine de mieux. Ce système de rémunération pourrait permettre aux créateurs de vivre dignement et d'avoir le monde entier comme public des données non restreintes.


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