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Me motiver à écrire

Lucidiot Productivité 2021-07-11
Mais pourquoi est-ce que je publie aussi souvent ces temps-ci ?


Je pense qu'on peut sentir depuis un peu plus d'un mois maintenant que ma motivation à publier sur Brainshit est repartie à la hausse. Alors pourquoi ne pas publier sur Brainshit sur le fait de publier sur Brainshit ? Je me suis dit qu'il y avait assez de matière pour faire revivre la catégorie Productivité.

J'avoue que je commence à ne plus trop aimer le terme de productivité. Pour beaucoup de raisons (dont certaines trop personnelles pour être publiées), la productivité n'est vraiment plus ma priorité ; c'est plutôt juste de faire attention à moi, de faire des choses qui me plaisent quand j'en ai envie, et d'avoir des "filets de sécurité" en place quand je passe des moments plus difficiles. Du coup, vu que je suis en train de remonter la pente, je vais essayer de documenter un peu ce qui me fait aller mieux, dans l'espoir que peut-être mon moi du futur repasse dessus et s'en serve comme exemple.

Écrire

Je parle d'écrire au sens large. Écrire des articles, écrire dans un journal, juste remplir les quelques lignes d'une entrée de mon bullet journal, noter une pensée soudaine sur un post-it, etc.

Écrire est un peu la seule façon que j'ai de penser de façon vraiment posée, souvent rationnelle, en évitant de laisser mes émotions partir dans tous les sens jusqu'à ce que je finisse par parler très négativement de moi-même et désespérer, ou stresser à propos de quelque chose jusqu'à en faire une crise d'angoisse. Ça peut marcher avec un clavier, mais ça marche encore mieux avec mon bon vieux stylo gel, qui glisse suffisamment pour ne pas me frustrer parce que je n'écris pas assez vite, mais où je suis quand même limité par la vitesse de mes mains.

L'écriture manuscrite est bien plus lente que l'écriture au clavier, et elle m'oblige du coup à ralentir mes pensées, à attendre le temps que ça soit couché sur le papier. En attendant, mon cerveau retravaille mes propres pensées, et elles se raffinent toutes seules. Entre la première idée que j'ai en tête et celle qui ira vraiment dans mon journal, avant même que je ne commence à éventuellement relire ce que j'ai écrit pour réfléchir un peu à ce que je pense, j'ai déjà eu beaucoup de clarté. Parfois, quand je commence à écrire dans mon journal parce que j'ai un problème particulier, je me retrouve à devoir passer 5 ou 10 minutes à juste écrire la résolution du problème, que j'ai trouvé tout seul en commençant à écrire.

Malgré les bienfaits et même si j'aime généralement écrire comme ça, j'ai souvent du mal à me motiver, à amorcer tout ce qui me fait écrire. Du coup, j'ai trouvé des astuces qui n'impliquent pas seulement de l'auto-discipline.

Regarder les autres écrire

Si vous aimez tout ce qui relève de près ou de loin à la papeterie ou à l'écriture, le blog de JetPens est une très bonne ressource. C'est là que j'ai pu notamment choisir mon genre de stylos (le gel donc). Je ne vais probablement jamais commander sur leur site car les frais de port vers l'Europe sont énormes, comme pour toutes les commandes sur des sites américains, mais je n'hésite pas à me référer à leurs guides pour apprendre des choses, notamment sur la papeterie japonaise, qui est un monde à part et dont j'aimerais vraiment voir arriver les innovations sur les marchés occidentaux.

Ils ont une équipe dédiée juste à la publication sur leur blog et à celle de vidéos sur leur chaîne YouTube. Certaines sont drôles, d'autres instructives, d'autres sont juste quelques produits alignés les uns à côtés des autres. En tous cas, j'aime bien en regarder quelques unes de temps en temps pour me rappeler que l'écriture c'est quand même cool, et parfois ça finit par me convaincre de me lever de ma chaise et d'aller sortir les carnets.

Je n'ai pas encore vraiment été chercher du côté de ceux qui font des vidéos régulières sur ce qu'ils font dans leurs carnets (souvent des bullet journals), ou des vidéos ASMR ou "Study With Me" qu'on a vu apparaître durant les périodes de confinement, donc je ne peux pas encore vraiment commenter sur leur efficacité ou non.

Me mettre des limites

J'avais emprunté à la bibliothèque il y a un an un livre sur l'écriture de très courtes nouvelles, et sur comment transformer ça ensuite en un roman entier. Le principe était de choisir une durée, par exemple cinq minutes, et d'écrire absolument tout ce qu'on pouvait inventer durant ce laps de temps. Ça donnait généralement une scène, et puis on pouvait ensuite choisir comme on voulait de repartir pour 5 minutes, en continuant la scène ou en en faisant une autre, avec le même contexte ou en repartant de zéro, etc. Avec un nombre suffisamment grand de ces scènes, on peut se retrouver à tout relier et à construire une histoire qui fait du sens.

Peut-être que je finirai par utiliser un système similaire si un jour je me remotive à terminer Carthage, ou si je veux refaire autre chose du genre. Mais ce que j'ai retenu surtout, c'est cette idée de se fixer un temps assez court où on va s'obliger à écrire. Un temps suffisamment court pour qu'il soit tout simplement impossible de dire non.

Je me dis parfois que je ne peux pas écrire parce que je ne sais pas quoi écrire, alors j'ouvre un de mes carnets déjà remplis d'idées, et je me dis que je vais le lire pendant une minute. Si je n'ai toujours pas envie, tant pis. En général il me faut moins que ça pour commencer à faire quelque chose, parce que mon bullet journal contient une quantité assez démentielle de tâches non terminées pour tous mes projets.

Je suis en train d'écrire cet article tout en faisant un pomodoro. Dans 90 secondes, je fais une petite pause, et c'est reparti pour écrire pendant 25 minutes. C'est un peu la version longue de cette gestion de temps, et j'expérimente un peu avec le fait de l'utiliser aussi pour le travail. Le boulot quotidien est une bonne façon de forcer un peu de structure dans mes journées et de me donner un élan initial que je peux utiliser pour faire des tâches au niveau personnel, surtout grâce au télétravail. Comme le travail est un poil imposé, je me retrouve obligé à faire quelque chose, donc il n'est plus tellement question de motivation.

Je peux par exemple sacrifier un peu de ma pause déjeuner et rajouter un pomodoro pour faire des recherches pour un futur article, ou une fois que le boulot est terminé, passer directement à de l'écriture sans bouger de ma chaise ou faire quoi que ce soit d'autre qu'entendre le "ding" du tracker de pomodoros que j'utilise.

Quelques uns de mes contacts dans des tildes essaient aussi de se mettre aux pomodori, donc on s'encourage mutuellement, ce qui aide aussi beaucoup.

Me jouer des tours

S'il y a bien une chose que le livre de James Clear que j'ai lu en 2019 a bien imprimé dans ma tête, c'est que modifier son environnement est une façon bien plus efficace qu'essayer d'utiliser sa propre discipline et motivation pour obtenir une nouvelle habitude. Disons que vous voulez manger des fruits plus souvent ; mettez une corbeille de fruits bien en vue sur la table, devant laquelle vous passerez plusieurs fois par jour, et ce sera fait. Ça marche aussi dans l'autre sens ; s'il faut d'abord sortir la télécommande de la cave pour pouvoir l'utiliser, il y aura beaucoup moins de motivation à s'affaler sur le canapé pour regarder la télé.

J'ai depuis au moins deux ou trois ans un système pour me réveiller le matin qui se base sur deux téléphones : mon "vrai" téléphone sonne 3 ou 4 fois de suite, toutes les 5 minutes, puis mon ancien téléphone, loin de mon lit, sonne et m'oblige à me lever du lit pour le couper. Ça fonctionne bien mieux qu'une seule alarme que je peux couper pour me rendormir. Je me suis mis à déplacer le second téléphone vers mon bureau, juste à côté de mon journal, pour que je puisse voir le journal là, devant moi, tout prêt pour faire la première chose que je veux faire après le réveil : noter mes rêves. Quand je ne me souviens pas de mes rêves, j'écris "Je ne me souviens pas de mes rêves".

Je tiens un journal de rêves depuis fin 2015, donc cette habitude est quand même facile à tenir. Une fois que c'est fait, et bien, j'ai un stylo en main, il y a aussi mon bullet journal à côté de moi pour toutes les choses à faire dans la journée, je peux donc continuer à écrire ou au moins voir ce que j'ai à faire.

Depuis une semaine, j'expérimente aussi avec le fait d'avoir une liste "de routine". Une quinzaine d'actions très simples comme "faire chauffer le petit déjeuner", dont la première est d'écrire mes rêves, et qui est juste là, au même endroit. J'ai aussi une seconde liste pour le soir, qui me permet juste de me préparer pour le matin, en plaçant les carnets et le téléphone au bon endroit, en vérifiant les alarmes, en posant sur la table de la cuisine le bol et les céréales pour le petit déjeuner du lendemain, etc., pour réduire au maximum la friction à faire des choses. Pour le moment, ça fonctionne plutôt bien. Faire cette liste est là aussi un moyen de me donner de l'élan ; quand j'arrive à la finir en entier, je me retrouve à me dire « qu'est-ce que je peux faire maintenant ? » et je me tourne vers ma liste de choses à "vraiment" faire, comme écrire un autre article de la série sur les scans Wi-Fi.

Publier

Quelle incroyable transition. Il y a aussi quelques éléments spécifiques qui font que je suis reparti un peu plus sur Brainshit récemment. Quelques problèmes personnels sont en train de se résoudre, donc je retrouve de l'énergie, mais il y a autre chose.

Le quoi

Je pense que vous avez remarqués que tous mes articles en ce moment ne parlent que d'une chose, et c'est de scanner des réseaux Wi-Fi. C'est un projet qui a exploité une de mes technologies favorites, PostgreSQL, où j'ai appris beaucoup de choses, et qui continue à m'intéresser. Du coup, ça me donne beaucoup à écrire.

De façon plus générale, vu que j'ai tendance à me focaliser maintenant sur des projets plus petits ou plus faciles à découper et qui m'intéressent vraiment, je suis plus facilement motivé à y travailler, et je vais donc plus m'y impliquer, et souvent en apprendre plus.

Le pour qui

Il y a quelques lecteurs assidus ici, et c'est toujours sympa d'avoir leurs commentaires que ce soit ici ou via d'autres médias. Si vous voulez me joindre autrement que par les commentaires, n'hésitez pas. J'ai moi-même contacté des blogueurs pour leur dire que j'aimais ce qu'ils écrivaient, pour leur poser des questions, commenter, ou même juste pour signaler une faute d'orthographe ou un lien mort, et je n'ai eu que des réponses positives.

Mais une source de motivation un peu plus grande est apparue récemment ; je suis un relecteur pour les articles de mon complice de scans Wi-Fi. Voir qu'il publie souvent, et qu'en plus le contenu est régulièrement influencé par mes idées incongrues, ça me motive à faire pareil. Si vous voulez que je poste plus souvent, postez sur votre propre blog et balancez vos articles dans ma tronche, parce que visiblement ça marche.

Le pourquoi

Écrire à propos de ces projets a l'avantage de m'obliger à formaliser les choses, à rendre compte, à vraiment rechercher le sujet pour pouvoir l'expliquer correctement, donc je me retrouve souvent à découvrir des chemins encore inexplorés, à combler des lacunes dans mes connaissances ou des choses qui m'ont échappé dans la réalisation du projet, bref, ça me fait aller plus loin.

Publier un article concernant un projet me permet également d'y trouver un moyen de dire qu'il est terminé. J'essaie d'adopter un peu le Cult of Done Manifesto, qui invite à juste continuer à faire des choses et surtout à les terminer, peu importe l'état dans lequel elles sont. Publier sur un projet en fait une bonne conclusion qui me permet vraiment de me dire que c'est terminé, que j'ai atteint un niveau suffisant ; je peux choisir de continuer à nouveau dessus, mais je peux aussi tout arrêter et me dire que j'en suis au moins arrivé là. Ça me fait me sentir moins mal à propos du fait d'arrêter quelque chose, ce qui est quelque chose que j'ai toujours eu du mal à faire.

Aussi, les articles plus techniques — et les tests de burgers aussi en fait — plaisent à mes lecteurs réguliers, donc ça rajoute encore de la motivation. Je ne voulais pas tomber dans le rythme des blogs de développeurs du style dev.to où les mêmes petites astuces de JavaScript sont répétées inlassablement dans plein d'articles assez courts, et trouver des projets assez inhabituels ou des façons inhabituelles de les faire semble bien fonctionner.


Et voilà un nouvel article de plus de 2000 mots sorti en deux pomodori et demi, juste à temps avant de commencer le boulot, après avoir écrit sans vraiment m'en rendre compte une vingtaine de pages de carnet hier soir et ce matin.


Commentaires

Durrendal, 2021-10-12

This post really appeals to me, I find that I too often get caught up in the how of things, especially when there's too much going on. I always have the desire to do something, but maybe making that a little bit more accessible and curating my environment towards those tasks will make them feel less like a TODO item on a list, and more like a step towards a personal indulgence.