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Carthage, chapitre 1

Lucidiot Écrits 2018-05-21
Voilà le vrai départ de ce nouvel opus, avec un peu de délai.


Vendredi six avril deux mille dix-huit, dix-sept heures et vingt-trois minutes, heure de Paris. Pour la quatrième et dernière fois de la semaine, j'éteins Ubuntu, débranche mon clavier, mon casque et les prises de courant, range mon PC de bureau dans son local, et prépare mon sac.

Je quitte mon bureau après près d'une demi-heure supplémentaire non payée, et je m'en fiche un peu ; mon stage est vraiment intéressant. Je salue donc mon tuteur de stage, puis quitte le bâtiment et monte sur ma trottinette. Ma mémoire commence enfin à se souvenir du chemin pour rentrer sans que j'aie besoin d'une carte.

Je circule donc pendant une dizaine de minutes à travers les rues de Grenoble, prenant soin de me décaler sur le gravier du square pour éviter d'essayer de passer à travers la foule qui attend le bus de la ligne C5, et patiente au carrefour en prenant soin d'activer les balises sonores pour malvoyants à l'aide de ma télécommande histoire d'étonner un peu les grenoblois qui semblent assez peu habitués.

Je roule, attendant de trouver un bon endroit pour traverser, et je finis par rejoindre mon dernier tournant, m'amenant dans la rue de ma destination. Je rejoins le porche de ma résidence, appuie sur les touches pour taper un code que j'ai étonnamment facilement retenu, puis m'engouffre dans le hall.

Quelques cliquetis d'une serrure plus tard, je récupère les quelques publicités que je ne peux hélas pas marquer comme courrier indésirable, puis j'appelle l'ascenseur. Une fois celui-ci arrivé, j'y monte, appuie sur le bouton de mon étage puis sur celui de fermeture manuelle des portes, étant donné que cet ascenseur reste ouverte pendant plus d'une quinzaine de secondes sinon.

Le haut-parleur bas de gamme de l'ascenseur annonce mon étage, et je sors donc, fis s'entrechoquer les clés de mon trousseau en cherchant celles de mon appartement, et en ouvre la porte. Une fois la trottinette posée contre le mur, je referme la porte à double tour, me déchausse, et range la vaisselle sèche sur mon évier dans le placard.

Profitant d'avoir un peu de temps libre avant de devoir préparer à manger, je déballe tout mon sac à dos, allume mon ordinateur, note ce que j'ai fait dans la journée dans mon bullet journal, puis rattrape ce que j'ai loupé sur Mastodon avant d'ouvrir un terminal et de lancer une connexion sur ce bon vieux supercalculateur. Valou m'y a laissé un message m'indiquant ce qu'il a pu faire dans la journée, et je commence donc à reprendre la lecture de fichiers de la machine.

Voilà qui résume un peu ma vie quotidienne ; jongler entre le stage, la galère à tenter de me débrouiller tout seul dans mon propre chez moi et les archives du supercalculateur. Mes investissements dans les cryptomonnaies ayant suivi mon gain au loto par tricherie temporelle me permettraient probablement de me soustraire à tout ça pour ne me concentrer que sur le Supercalculateur, mais je préfère avoir d'autres préoccupations pour me changer régulièrement les idées, et je n'ose pas trop avouer à qui que ce soit mes gains, surtout pas à Valou ou Rémi qui, connaissant les épisodes de Code Lyoko et ayant vécu la même histoire que moi, devineraient immédiatement la supercherie.

Après une bonne heure passée à lire l'arborescence d'un des très nombreux disques du supercalculateur, qui semble ne contenir que des fichiers de journaux sur lesquels il me faudra faire des recherches automatiques plus tard, je reçois un coup de fil de la part de Valou. Il souhaite m'inviter à manger au Burger King ; je ne sais pas vraiment où il se trouve, mais je pourrai sans doute faire confiance à mon téléphone pour m'aider, et puis un BK, ça se refuse pas, quand même.

J'éteins donc mon ordinateur, embarque quelques affaires dans l'éventualité où nous poursuivons par un peu de géocaching nocturne, reprends ma trottinette et mon blouson, remets mes chaussures, et sors à nouveau, partant cette fois dans la direction opposée pour rejoindre l'hypercentre.

M'arrêtant régulièrement quand je cède à ma paranoïa pour vérifier la carte, je passe par un souterrain dans lequel circulent également les tramways — je suis toujours aussi impressionné par la quantité de tramways ici —, à vive allure, slalomant entre les quelques piétons qui y marchent. Je ressors et me retrouve sur le parvis de la gare.

Je constate lors d'une énième vérification que la carte me dit de simplement suivre les rails du tramway ; pour une fois, j'essaie de lui faire entière confiance et de ne pas la regarder au moins pour les dix prochaines minutes. Le tramway effectuant une sorte de zig-zag étrange sur la place, il me fallu plusieurs secondes pour trouver la rue et suivre le tramway.

Cette fois-ci, encore un peu plus de slalom dans cette rue plutôt fréquentée, mais les trottoirs sont bien assez larges pour me permettre de passer à toute vitesse. Arrivé au croisement entre les rails que je suis et deux autres voies de tramway, j'enclenche à l'aide de ma télécommande les feux de passage piéton, qui se mirent à chanter leur « ritournelle » de feu vert, puis je traversai et repris ma route.

Arrivé sur une place que je ne connaissais qu'à peine, je reconnais la familière enseigne de fast-food et la rejoins. Ayant prévenu Valou que je risquais d'être en retard, vu que je n'avais aucune idée de la distance et que je croyais que j'allais me perdre, je le recontacte par SMS pour le prévenir que je suis sur place et l'attends donc tranquillement dans un coin du restaurant.

Il arrive quelques minutes plus tard et nous commandons aux bornes, en profitant bien sûr des suppléments gratuits. Après avoir été servis, nous décidons de manger sur la terrasse, pour profiter du climat de la vallée qui nous donne des nuits assez chaudes, surtout pour un mois d'avril.

Outre les déblatérations habituelles histoire de nous raconter nos vies, je lui ai donc expliqué mes passionnantes non-découvertes parmi les fichiers du supercalculateur, puis nous avons essayé de décider de quoi faire ensuite. Après environ trois mois passés à analyser cette machine sur nos heures perdues, qui aurait été découverte par des clones de nous-mêmes dans un univers parallèle, si on en croit les théories résolvant le paradoxe de l'écrivain, nous ne savons plus vraiment quoi faire.

Il nous a d'abord fallu parvenir à mettre en place de quoi nous permettre d'utiliser la machine comme nous utilisons nos systèmes habituels ; installer des utilitaires de base — on ne pouvait même pas parler d'un GNU/Linux — et tenter de comprendre suffisamment l'architecture très ésotérique du système pour pouvoir bidouiller avec.

Bref, après une grande quantité de déboires sur lesquels même Google ne nous était utile, nous avons pu commencer par lire le message laissé par nos prédécesseurs ; une sorte de journal, écrit de mon point de vue, ce qui m'a invité à poursuivre l'aventure en en commençant un deuxième. Le journal a laissé énormément de questions en suspens, et nous avons donc entrepris de découvrir tout ce qu'il y a à découvrir sur ce qui a amené au déclenchement de ces « flashs ».

Rémi n'a pas pu intervenir une seule seconde dans nos recherches ; il a dû organiser les funérailles de quelques uns de ses proches, et il est lui aussi dans le secret sur ce qui s'est passé ; savoir que la cause est liée à un dessin animé et surtout a eu lieu dans un univers parallèle était inacceptable pour lui, donc il a préféré garder ses distances.

Ce n'est donc qu'après avoir savouré nos hamburgers, rondelles d'oignons frits, frites et boissons dans un climat vraiment agréable et qui va me faire aimer Grenoble que nous avons finalement décidé de tout reprendre à zéro. Nous allons relire le journal pour ne nous concentrer que sur ce que nous savons du déclenchement des flashs, au lieu d'essayer comme nous l'avons fait jusqu'à présent d'obtenir une pleine maîtrise du système. De plus, après ces quelques mois de calme, on peut se dire que nous n'avons pas à craindre un quelconque XANA.

Peu avant minuit, nous décidons finalement de rentrer chez nous, après avoir longuement discuté. Je remonte sur ma trottinette, et nous faisons un bout du trajet ensemble avant de finalement nous séparer. Je me mets alors à rouler plutôt vite, sachant désormais que l'itinéraire se résume à aller tout droit jusque les rues que je connais mieux, et surtout en étant un peu craintif, parce que je ne suis certainement pas habitué à me déplacer dehors aussi tard. J'évite quelques personnes légèrement éméchées, passe devant la gare, rejoins à nouveau le souterrain cette fois sans tramways, et arrive finalement chez moi, bien plus rapidement qu'à l'aller, et vais directement me coucher.


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