lucidiot's cybrecluster

Spa ghetto

Lucidiot Pseudo-science 2015-03-28
Énième recherche abrutissoscientifique sur un autre régime alimentaire.


Après avoir entendu parler de mon étude sur un régime composé en majorité de riz, un autre fou m'a proposé son régime alimentaire qui pourrait être qualifié d'entraînement à Epic Meal Time : 2 assiettes à pizza de spaghettis 7 à 8 fois par semaine avec beaucoup de sauce tomate et du gruyère, et environ 25 g de beurre (par assiette). Ami diététicien, au revoir.

Préliminaires Effets sur la santé Consommation mondiale Conséquences économiques Conséquences environnementales Sur le long terme Conclusion Résultats expérimentaux

Préliminaires

Avant de pouvoir débuter nos ~~savants~~ calculs, nous devons convertir ces données en chiffres exploitables. Ces deux assiettes à pizza seront considérées comme des cylindres elliptiques de demi-grands axes 24 et 35 cm d'après des mesures dans la cuisine et de hauteur 1 cm, soit environ** 2639 cm3** de spaghettis par assiette ou au total 2,691 kg de spaghettis par repas. On considèrera que ce repas est pris 7,5 fois par semaine, et que "beaucoup" de sauce tomate signifie un tiers d'une bouteille de ketchup standard, soit 150 g dudit ketchup. On estimera aussi, d'après l'outil de mesure le plus performant au monde, c'est à dire les doigts sur une feuille à petits carreaux pour me montrer ce que représentait la quantité de gruyère, que "du gruyère" vaut le volume d'une demi-sphère de rayon 4 cm en fromage râpé, soit environ 134 cm3 de fromage râpé. Heureusement pour nous, des fous ont calculé la masse volumique de tout et n'importe quoi question bouffe. Ces 134 cm3 feront donc 67 grammes de fromage râpé.

Cette quantité astronomique de pâtes est surréaliste, comme le montreront les calculs suivants, mais puisque nous sommes fous nous n'irons pas tenter de rendre ça plus logique. Notez bien que 2,691 kg est la masse crue de spaghettis, la masse cuite dépassant 8 kg, mais nous considérerons qu'elle est la masse de spaghettis cuits afin de rester dans les limites de l'irraisonnable. Commençons notre harcèlement de Wolfram Alpha avec quelques calculs sur les bienfaits pour la santé de ce régime.

2691 g spaghetti + 67 g gruyere cheese + 150 g ketchup + 25 g butter

Nous atteignons un nombre total de calories de 5739, soit 287 % des apports recommandés par jour. On pouvait s'y attendre avec 3 kg de bouffe. Pour une fois, nous allons, avant de commencer la domination de l'humanité par l'Italie, faire un petit tour des maladies engrangées par sa consommation régulière.

Effets sur la santé

Étonnament, tous ces spaghettis peuvent théoriquement rentrer dans l'estomac puisqu'ils ne représenteront que trois quarts de sa capacité maximale. Quel dommage, les tunisiens ne pourront pas recommencer. La quantité monstrueuse de données que Wolfram Alpha me vomit en calculant ces calories me permet de vous signaler que la surconsommation de pâtes à long terme peut engranger :

Consommation mondiale

La population mondiale en 2015 est estimée à sept milliards trois cent vingt-quatre millions sept cent quatre-vingt-deux mille personnes. C'était trop facile à écrire en chiffres. Soit 7 712 995 446 tonnes de spaghettis, 492 964 703.4 tonnes de ketchup, 71 658 342.306 tonnes de beurre et 19 048 459.258 tonnes de gruyère par an. Nul besoin de dire que ça fait beaucoup. Pour vous donner un ordre d'idée, cela représente 1/30 de la biomasse totale sur Terre, ou un quart de la quantité d'or dans les océans, ou encore 64 % de la masse de pétrole produite en 2004. Pas mal.

D'après plusieurs sites de recettes de pâtes, pour obtenir 500 grammes de pâtes il faut 350 grammes de farine de blé dur. Il nous faudra donc chaque année 5 399 096 812.2 tonnes de blé. Soit, en considérant que vous n'utilisez que des billets de 500 euros, 4,9 pétaeuros. Mais comme nous ne parlons que de bouffe et pas de flouze, c'est pas intéressant. Intéressons-nous plutôt au rendement des champs de blé. D'après la source la plus utilisée au monde, ce rendement est de 3 025 kg de blé par hectare et par an ou 3 025 tonnes par kilomètre carré et par an. Il nous faut donc une surface de 1 784 825,4 km2 environ afin d'assurer la production requise en blé, soit 133,7 % de la surface agricole mondiale. Oups. En plus, notre régime ne comprend pas que les spaghettis : il y a également le ketchup, le beurre et le gruyère.

D'après les recettes, on obtient autant de ketchup que de tomates qu'on ajoute à la recette. Ainsi, il nous faudra 492 964 703.4 tonnes de tomates. Or le rendement d'un champ de tomates est en moyenne dans le monde de 23.1 t/ha/an, soit une surface agricole de 213 404.6 km² soit 15.99% de la surface agricole mondiale.

Ce site nous donne la quantité de lait requise pour produire du beurre et de l'emmental. Nous considèrerons à ce stade que notre gruyère est de l'emmental râpé. Ainsi, pour produire un kilogramme de beurre, il nous faut 22 litres de lait et 12 litres pour un kilogramme de gruyère. Il nous faut donc au total 1 805 065 041 828 litres de lait par an soit 2.7 fois la production annuelle de lait dans le monde. D'après ce document canadien, chaque vache nécessite 4000 m2. La production annuelle de lait par vache pour la race Prim'Holstein est de 8522.5 litres, il nous faut donc 211 799 947 vaches, occupant une superficie de 847 199.7 km², soit 63.48% de la surface agricole mondiale.

Au total, il nous faudra plus de deux planètes Terre (2.13 exactement) pour avoir une surface de culture suffisante.

Conséquences économiques

Assez parlé de blé, il est temps de parler du blé. Ben quoi ?

Il n'y a bien entendu pas de meilleur endroit pour trouver des produits de mauvaise qualité au pire prix que la boutique en ligne de Monoprix, que j'utilise depuis bien longtemps comme référence dans mes recherches irrationnelles. Le paquet de spaghettis le plus cher disponible est à 5.98 €/kg au moment de l'écriture, le ketchup le plus cher 6.36 €/L, le gruyère 14.50 €/kg et le beurre1 17.60 €/kg. En multipliant ces valeurs par les quantités annuelles pour la population mondiale, on a au total 50 633 267 127 081.80 € ou 50.6 téraeuros. Vous ne pourrez jamais comprendre combien j'aime ajouter des préfixes à des unités monétaires. Cela équivaut à 131 années de ces chères (c'est le cas de le dire) recettes de l'État français en 2013, dépenses omises. Les coûts de production ne sont pas à prendre en compte ici, puisque nous effectuons les calculs avec les prix finaux pour les consommateurs, incluant donc les coûts de production, la marge pour les agriculteurs et celle de tous les intermédiaires.

L'économie ne devrait pas trop flancher à cause de cela : Forcer toute la population à suivre ce régime anéantirait beaucoup d'autres filières, annulant presque cette surconsommation. Mais les données sur le sujet sont bien plus difficiles à obtenir, et mes maigres connaissances dans ce domaine ne m'aideront pas. Quiconque capable d'éclaircir les possibles conséquences économiques ou politiques de cette conversion est le bienvenu !

Conséquences environnementales

L'agriculture productiviste que nous mettrons en place pour le blé et les tomates aura les mêmes conséquences sur l'environnement que celles que nous connaissions déjà, mais avec une ampleur plus grande : Les cultures utiliseront encore plus de pesticides et intoxiqueront encore plus les humains qui ne le sont pas déjà assez. Mais elles sont difficilement chiffrables.

Ce qui est néanmoins plus facile à chiffrer, c'est la pollution engendrée par toutes ces vaches : 211 799 947 vaches vont produire beaucoup de méthane ! Ce document de l'INRA comprend beaucoup de données très intéressantes. Nous allons utiliser les données du tableau 5 et déduire une bête moyenne de la quantité de méthane produit par vache. On a une émission de 704 000 000 m3 de méthane pour 4 645 000 vaches, soit environ 152 m3 de méthane par vache et par an. On rejetterait donc dans l'atmosphère 32 100 573 237 m3 de méthane par an, soit 24 % des émissions en méthane actuelles des animaux d'élevage d'après des données de la FAO. L'ensemble des élevages contribuant à 27 à 37 % des émissions de méthane, et notre régime impactant énormément les élevages, nous resterons sans problèmes dans la norme. Il se peut même qu'il y ait une diminution des émissions !

Sur le long terme

Les données trouvées plus haut montrent que l'espèce humaine a peu de chances de survivre correctement à ces nouvelles habitudes alimentaires. Les surfaces agricoles requises sont bien trop grandes pour permettre une quelconque mise en application : 46.9 % de la population seraient nourris correctement, la production étant insuffisante. Néanmoins, ces décès énormes permettront de gagner de la place et de permettre ainsi la survie d'une partie plus importante de la population. Supposons donc que 50 % de la population humaine survive à ce changement. Parmi ces 50 %, beaucoup mourront très rapidement, notamment les enfants, n'étant pas adaptés pour consommer 3 kg de pâtes en un seul repas par jour et pouvant être intoxiqués par l'excès de magnésium. Les survivants mourront à leur tour des maladies à plus long terme telles que le cancer ou les maladies cardiovasculaires ainsi que de l'obésité. Les chances de survie de l'espèce humaine sont extrêmement faibles voire nulles.

Conclusion

Ce régime digne d'une boulimie sévère est d'une dangerosité extrême, n'essayez pas ça chez vous. Comme d'habitude avec mes études superfétatoires.

« Les pâtes sont à consommer avec modération. » — Guide de stratégie de Wesnoth

C'est après une longue réflexion sur mon incapacité à calculer correctement la quantité de spaghettis ingérée par repas que l'impossibilité de mon calcul est expliquable : Il n'existe aucune donnée concernant la masse volumique de spaghettis cuits. Si vous en avez la possibilité, prenez une balance, tarez là avec une assiette dont vous aurez mesuré le diamètre intérieur (de la zone où se trouveront les spaghettis), pesez les spaghettis crus, replacez les spaghettis dans l'assiette une fois cuits et repesez. Donnez moi ensuite votre mesure et vos deux masses, qui me permettront d'établir une masse volumique pour les spaghettis crus et cuits et qui me permettront de recalculer l'ensemble de ces chiffres et de faire avancer la junk science.

Résultats expérimentaux

C'est après un bon repas pris plus d'un mois après la rédaction de cet article qu'il m'est désormais possible d'affirmer que la masse volumique du spaghetti cuit est de 0.7649 g.cm-3. On a alors une masse de spaghettis de 2.019 kg. Les conséquences sur la santé sont les mêmes d'après Wolfram Alpha, avec un effet réduit pour le calcium et la vitamine B6, et ça a une influence plutôt négligeable sur les autres calculs.


  1. Ce beurre est-il d'Échiré ? Au revoir. ↩︎


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