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Field Notes

Lucidiot Productivité 2019-03-03
La découverte d'une marque de carnets américaine et l'histoire d'une décision aux apparences absurdes.


Encore un nouvel article sur ma folie pour les carnets ; cette fois-ci, c'est sur ma nouvellement découverte folie pour les carnets de la marque Field Notes. J'en avais déjà entendu parler il y a un moment, mais c'était à l'époque où j'utilisais encore mon tout premier Bullet Journal, un carnet A5 à spirales assez gros, et j'aimais bien ce genre de gros carnets. Mais maintenant, j'ai plutôt une tendance au rapetissement.

Comme je le racontais dans mon précédent article sur les carnets, j'écris un journal intime dans un petit carnet à spirales de 9 par 14 centimètres, une taille qui correspond à une feuille A6 légèrement plus étroite. En fait, c'est ces dimensions qui sont utilisées la plupart du temps quand on parle d'un carnet A6, alors que ce devrait être 11×14cm, mais je peux dire d'expérience que c'est bien plus confortable comme ça.

Vu que je sentais venir la fin de ce carnet plutôt vite, j'avais déjà prévu son successeur ; ce devait être un carnet Oxford à agrafes de 96 pages. Le problème des agrafes, c'est qu'il faut forcer pour maintenir le carnet à plat, et ce phénomène empire avec le nombre de pages. Avec 96 pages, c'est déjà un calvaire, et au vu du format du carnet, je veux pouvoir écrire même dans les marges intérieures et éviter de perdre de précieux centimètres carrés de papier.

Puisque je me suis fixé en 2019 de faire plus attention à moi, je me suis dis que je devais mettre un peu plus de budget que d'habitude dans les carnets. J'ai récemment de nouveau entendu parler de Field Notes, et je suis allé faire un tour sur leur site. J'adore les bande-annonces qu'ils font à chaque nouvelle édition limitée, au point que j'aie passé une soirée à toutes les regarder à la suite.

Field Notes, c'est un projet créé par Coudal Partners, une agence de design de Chicago, en partenariat avec Aaron Draplin, un designer venu de l'autre côté des États-Unis. Vers 2006 ou 2007, Aaron s'est amusé à fabriquer 200 carnets qu'il a distribué à des proches, parmi lesquels Jim Coudal, le patron de Coudal Partners, qui s'est dit que c'était une bonne idée de faire une entreprise avec ça. L'inspiration pour ces carnets vient de carnets publicitaires qui étaient distribués par les grandes entreprises du secteur de l'agriculture aux fermiers aux États-Unis dans les années 50 ; par ici pour en savoir plus.

On peut acheter pour dix dollars un pack de trois carnets de 48 pages, agrafés, avec une couverture en papier kraft et du papier de 90 g/m², que les utilisateurs de stylos-plume apprécient apparemment. Quand des amateurs de stylos-plume aiment du papier, on peut être sûr que c'est du bon papier. Il y a une assez grande attention sur la chaîne de fabrication, en utilisant des techniques des années 40, en faisant tout aux États-Unis, en partenariat avec des petites imprimeries. Il y a aussi une attention au détail ; les carnets ont des endroits réservés pour les coordonnées en cas de perte dans la couverture, une règle en pouces sur le bord de la troisième de couverture, et pas mal d'autres petits trucs utiles ou amusants. Ils insistent aussi sur l'utilisation d'une seule famille de polices d'écriture, Futura, connue en France pour être la fonte du logo de Canal+.

Coudal Partners ne fait désormais presque plus de design, et se concentre presque exclusivement sur Field Notes, qui vend au moins un million de carnets chaque année. En 2008, afin de pouvoir se renouveler et continuer à vendre, ils ont commencé à réaliser des éditions limitées, tous les 3 mois. La toute première incluait juste des carnets colorés, et puis ils ont commencé à vraiment se diversifier, à toujours essayer de tester d'autres techniques d'imprimerie, d'encrage, de reliure, comme l'embossage ou le die-cutting, et à rajouter parfois des petits bonus, comme par exemple la petite carte d'identification d'agent secret dans l'édition Clandestine, où un jeu d'énigmes a été organisé sur un Slack privé en collaboration avec une entreprise organisant des puzzles à Chicago.

Avec toutes ces éditions, ils proposent un abonnement annuel, qui permet de recevoir deux packs de trois carnets de chaque nouvelle édition limitée à sa sortie, donc tous les trois mois, en ne payant qu'une fois les frais de port. Avec la première livraison, on reçoit aussi deux packs des carnets originaux en kraft, un pin's de « représentant autorisé de Field Notes, » pour la division internationale dans mon cas, des crayons estampillés Field Notes, et en début d'année on a un calendrier qui rentre très bien dans un carnet.

Leur édition d'automne 2018, Three Missions, m'a beaucoup intéressé. Je suis toujours en train de suivre les prochains lancements de fusée ; je scrute l'évolution du tout premier vol de SpaceX Crew Dragon en ce moment-même. L'édition comprend trois carnets de couvertures différentes, avec des photos des missions Mercury, Gemini et Apollo, ainsi que des maquettes en carton des capsules de chaque mission. Chaque carnet contient beaucoup de détails sur les missions sur la couverture.

Après plusieurs jours de réflexion, et après avoir regardé d'autres marques de carnets en ligne et fait un tour dans des papeteries du coin, j'ai finalement décidé de prendre un an d'abonnement. Mon abonnement allait commencer avec Clandestine, donc j'ai rajouté en plus un pack de trois carnets Three Missions. Le tout m'a coûté 109.25 €, mais 50 euros étaient financés par de l'argent reçu à Noël, et je recevrai dans l'année 34 carnets au total, ce qui me fait donc 1.74€ par carnet, ce qui est un prix digne des sites chinois. Notons au passage que même si Field Notes ne s'exprime qu'en dollars, ils offrent le paiement via PayPal, donc il n'y aura pas de charges bancaires sur un paiement en dollars.

Un mois plus tard, j'ai donc reçu mon premier colis, dans une jolie boîte avec une représentation monochrome de l'entrée du siège de Field Notes à Chicago. Le pack a inclus six carnets de l'édition Clandestine, une roue de décodage pour participer au jeu sur Slack, un pin's, une bande de caoutchouc « general-purpose » qui peut tenir ensemble 6 carnets, un stylo bille, un crayon à papier, un calendrier 2019, un pack de 3 carnets originaux à carreaux, un pack de carnets originaux « mixed » (un à carreaux, un ligné, et un vierge), et mon pack Three Missions. J'ai passé commande lors d'une offre spéciale où un carnet seul d'une ancienne édition serait rajouté dans ma commande, donc j'ai aussi reçu un carnet de l'édition Two Rivers.

J'étais tout content, mais je n'ai décidé de ne pas ouvrir un seul pack pour l'instant. L'autre idée que j'avais en tête en achetant autant de carnets, c'est que j'allais recevoir 4 gros cadeaux dans l'année, et que je vais prendre le temps de déballer les packs au fur et à mesure que je les utilise, pour être en quelque sorte récompensé assez fréquemment. C'est un facteur assez important de motivation, puisque écrire dans un carnet que j'adore m'intéressera beaucoup plus qu'un carnet qui ne me plaît pas, et savoir que j'ai d'autres carnets qui m'attendent m'évite d'essayer de condenser mon écriture pour économiser des pages.

J'ai donc attendu de terminer le carnet où j'écrivais mon journal intime pour ouvrir mon pack Three Missions. J'ai mis une bonne heure à faire le montage de ma capsule Mercury, mais c'était amusant. Je me retrouve encore maintenant à admirer un peu la fusée sur la couverture. Les carnets sont agrafés, mais ne font que 48 pages, ce qui fait qu'il n'y à pas à forcer beaucoup pour aplatir le carnet.

J'étais un peu inquiet concernant la qualité du papier ; j'ai déduit que le papier avoisinait les 90 g/m² en convertissant depuis les unités américaines, qui ne sont pas du tout claires en ce qui concerne le papier. Fort heureusement, tout se passe bien ! L'encre se voit un peu à travers mais elle ne passe pas à travers, donc ce n'est pas un problème. Le papier a des carreaux de 4.5 millimètres de côté, pas les 5 mm auxquels on est habitués sur du format « petits carreaux. » La différence semble minime, mais elle se fait sentir à l'écriture ; je m'y suis assez bien adapté. Au rythme auquel j'écris dedans, environ trois pages par jour, j'estime terminer ce tout premier Field Notes en moins d'une vingtaine de jours.

Je mettrai donc un Beau / 20 aux Field Notes. Je ne pense pas utiliser ces carnets au-delà du journal intime, sauf si j'en ai trop en stock, auquel cas ils seront sans doute les successeurs de mes blocs-notes que j'utilise pour réfléchir au boulot ou faire des to-do lists qui dureront trop peu longtemps pour mériter de rentrer dans le Bullet Journal. Je ne compte pas en faire des bullet journals; avec 48 pages, on arrive au bout en moins de deux mois, et refaire une migration tous les deux mois ne m'intéresserait pas.

J'ai eu quelques remarques concernant le prix d'achat, parce que débourser presque 110 euros dans des carnets, ça n'a pas l'air très raisonnable. Mais on ne parle pas d'un seul carnet, et on ne parle pas de juste garder les carnets en stock quelque part ; je veux utiliser entièrement les 34 carnets que j'ai commandé. On ne parle pas non plus de les utiliser d'un seul coup et de payer 100 euros de nouveau le mois prochain. C'est en quelque sorte un investissement, pour toute l'année.

Et c'était à mes yeux une bonne décision d'acheter ces carnets ; je me retrouve motivé à écrire dans mon journal intime. Quand j'ai fini d'écrire dans mon journal, je suis assez content, et je sais d'expérience que c'est un bon moyen pour moi de me calmer, de me motiver ou de booster ma créativité. Mais j'ai ce problème de blocage où je n'aie jamais l'envie de commencer des choses, du coup il me faut parfois des heures pour commencer à écrire dans le carnet ou à faire quoi que ce soit d'autre. J'ai une petite étincelle quand je regarde le Field Notes, et ça me donne un peu plus envie d'écrire. Je paie pour lutter contre ma procrastination, et ça a l'air de marcher.

Il faudra que je trouve le bon modèle de carnets qui puisse me donner le même effet avec le Bullet Journal pour pouvoir espérer maintenir un peu plus ma motivation sur les autres projets ; peut-être qu'on verra donc apparaître sur ce blog un article sur une autre marque de carnets pour lesquels j'ai eu un coup de foudre. Field Notes propose des carnets "de bureau" au format A5, mais ils n'auront pas assez de pages pour un bullet journal. On verra si mon Rhodia Webnotebook, que je vais commencer en avril, me conviendra bien.


Commentaires

fluffy@eldritch.cafe, 2019-03-03

Ooh ça a l'air cool tout ça !