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Vacances, chapitre 5

Lucidiot Écrits 2018-02-12
Enfin un peu de progression dans l'histoire.


Dix-huit heures et quatorze minutes, heure de Paris, période pré-flash. Nous décidons, sachant que nous nous retrouverons de nouveau à bord de cette MF 01 après le flash de onze heures et cinq minutes, de descendre, pour prendre l'air et espérer ne pas avoir droit à un nouvel accident ferroviaire. Avec le temps perdu suite à l'attentat, nous n'avons pas pu aller plus loin que la station Alma-Marceau.

Puisque nous sommes à proximité, nous nous dirigeons vers le pont de l'Alma. Et par « à proximité, » je voulais dire que nous n'avons eu qu'à franchir un gros carrefour. Nous trouvons un bon point de vue et observons le fameux zouave, sans savoir qu'il allait à nouveau devenir la star des journaux télévisés français un peu plus d'un mois après.

Jetant un coup d'œil à mon téléphone, je traverse le pont et rejoins son côté Sud. Valou et Rémi ne comprennent pas pourquoi, et mon absence de réponse à leurs questions les intrigue ; ils me suivent quand même. Je m'approche d'un coin du pont, réfléchis un instant, puis jette un regard autour de moi. Je fais signe aux deux autres de se faire discrets, comme si on attendait quelque chose, puis je dirige ma main vers une partie métallique du pont, tâtonne, et trouve une boîte.

Si j'ai du temps à perdre à Paris, soit je fais des photos « artistiques, » soit je fais du géocaching. J'écris mon nom sur le logbook, en sachant pertinemment qu'il sera effacé par un flash, pour le simple plaisir de pouvoir loguer une géocache, puis je range tout, refais un air d'être en train d'attendre, et remets la petite boîte plate à sa place. Nous quittons la zone tandis que j'explique à Rémi le géocaching.

Nous reprenons notre balade en flânant dans les jardins autour du quai Branly. Après une bonne demi-heure de traîne au milieu des gazons, nous rejoignons la tour Eiffel, assez joyeux de ne pas vivre jusqu'ici le moindre problème. Nous prenons des gaufres beaucoup trop chères à un camion à proximité, sachant que notre argent sera de retour, et les mangeons tout en discutant. J'en profite pour briller un peu en exposant quelques apprentissages d'un épisode de C'est pas sorcier sur la tour Eiffel dont je me souviens encore.

Dix heures et cinquante-sept minutes, heure d'ici. Plus que huit minutes avant un flash ; je ne crois pas qu'on soit resté aussi longtemps sans le moindre problème avant un flash. Peut-être n'aurais-je pas dû y penser. Alors que nous avions terminés nos gaufres, plutôt bonnes je dois dire, un bruit de ferraille très aigu, comme un très gros frottement ou un frein trop bruyant, se fait entendre depuis deux endroits différents. Des quatre ascenseurs de la tour Eiffel, deux étaient en bas, l'un chargeant des passagers, et deux autres étaient en hauteur. Évidemment, ce sont ces deux derniers qui se sont mis à crisser ; des étincelles jaillissaient de leurs points de contact avec le métal de la tour, et ils tombaient à grande vitesse, leurs câbles ayant semble-t-il lâché.

Ils finissent par s'écraser aux pieds de la tour dans un grand boum. Les vibrations se font sentir à nos pieds. Mais honnêtement, ce n'est pas ça le véritable incident ; c'est plutôt le mouvement de panique qui en a suivi.

D'un seul coup, toute la panique accumulée par cette foule de touristes, qui avait choisi de l'ignorer pour profiter de leur vingt-quatre décembre en allant voir la dame de fer, s'est relâchée en des cris d'effroi et des pas dans tous les sens. Voyant les gens commencer à courir pour fuir un éventuel autre danger, nous choisissons presque immédiatement de courir nous aussi, non pas pour fuir un quelconque danger comme les autres mais pour fuir cette foule elle-même, qui dans sa panique va encore causer des blessés.

Bon, en six minutes, on devrait quand même réussir à s'en sortir. Nous essayons de repartir vers les esplanades du quai Branly, dans l'espoir que peu de gens n'essaient d'aller s'assoir dans un autre parc et préfère plutôt s'en aller en longeant le Champ de Mars. Le vœu n'est que partiellement exaucé, puisque quelques uns nous ont remarqué et nous suivent. Avec ma trottinette, je parviens facilement à les devancer et à les semer, et je vois de loin Rémi et Valou parvenant à se cacher. Je les rejoins ensuite, et nous décidons de rester là, sous le porche qu'ils ont trouvé, en attendant le retour temporel.

Nous vîmes encore quelques autres passants courir puis s'arrêter d'épuisement, en réalisant qu'en fait rien ne se passe. C'est une autre caractéristique des accidents de flashs : ils sont atomiques, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas constitués de plusieurs éléments. Les gens étaient égoïstes et sans limites à Lille-Flandres, il y a eu un simple accident de bus, une explosion dans un immeuble, des cochons sont devenus fous, un train a déraillé, et des ascenseurs sont tombés. Tout le reste n'est qu'une conséquence de chaque incident.

Le tant attendu flash de onze heures et cinq minutes se produisit. Nous nous retrouvons à nouveau dans le métro. Certains passagers expriment un peu de ras-le-bol, mais nous sommes rassurés en sachant que nous pouvons à nouveau continuer notre chemin pour cinquante-et-une minutes de plus, sans avoir à être témoins de situations pires que celles que nous avons vécues jusque là.

Dix heures et trente-six minutes. Alléluia ! Après moult péripéties, nous avons enfin réussi à rejoindre le terminus de la ligne 9, Pont de Sèvres. Nous nous arrêtons à un kebab qui vient d'ouvrir, puisque nous sommes déjà debouts depuis près de dix heures, alors que seulement cinq sont passées. Nous prenons donc notre « dîner » tout en marchant en direction de la Seine. J'ai beaucoup aimé le panini kefta sauce barbecue, et je suis plutôt heureux d'enfin voir l'île Seguin, l'île de tous mes rêves d'enfant. Elle a beaucoup changé, avec une sorte de grosse boule étrange en verre des jardins. Nous longeons un peu l'île et en profitons pour photographier le pont Daydé, le pont qui a servi d'inspiration à celui emprunté par les Lyokoguerriers dans le dessin animé.

Dans ledit dessin animé, les Lyokoguerriers empruntaient un passage souterrain via les égouts qui les amenait sur le pont de l'usine. Je rejoins à trottinette rapidement le pont et constate qu'il y a bien une bouche d'égoût accessible. Je la prends en photo, en souvenir, et je redescends du pont. Après tous les événements de la matinée, nous décidons de rejoindre notre hôtel, à deux rues de là, pour nous reposer, et pouvoir être prêts à investiguer plus tard. Nous parvenons à le rejoindre à onze heures pile.

Nous entrons, et malgré l'heure encore matinale, la gérante du petit hôtel, très aimable, nous donne nos clés et nous conduit à notre chambre. Deux lits séparés et un lit suspendu, salle de bain et toilettes privées, une télé avec le câble, bref une chambre d'hôtel tout à fait banale de moyenne gamme.

Je n'ai rien eu à payer ; en achetant avant un flash, mon argent s'est restitué, mais la gérante a confirmé ma réservation et n'y a vu que du feu. On pourra profiter du petit déjeuner à volonté gratuitement si on arrive à y aller à des horaires plus normaux. Bref, pas le temps de se délecter de notre supercherie, nous nous allongeons rapidement.

Onze heures et cinq minutes. Mon téléphone sonne un petit bip, je me relève et termine de m'installer dans la chambre. Rémi et Valou font de même. Notre objectif était que nous soyions juste toujours allongés après le prochain flash, pour pouvoir dormir tranquilles et éviter d'être réveillés par une chute soudaine en bord de Seine. Nous nous recouchons ensuite, et je m'endors rapidement.

J'ai rêvé de passer par cette bouche d'égoût, de descendre, de me promener, comme si j'avais emprunté le chemin des dizaines de fois et qu'il était gravé dans le pilotage automatique de mon subconscient, et de rejoindre un vieux bâtiment. Je compris que c'était l'internat tel qu'il était dans le dessin animé, et en longeant les chambres d'un des étages, où toutes les portes étaient ouvertes, des dizaines d'hommes blancs aux cheveux noirs, tous avec des casques sur les oreilles, pianotant frénétiquement sur des claviers devant eux, seulement éclairés par la lumière bleutée de leurs écrans, étaient visibles, un par chambre. Ils étaient tous habillés dans des tenues militaires américaines, et moi aussi.

Je me suis réveillé avant d'avoir pu en savoir plus alors qu'un nouveau flash se produisit. Nous avons dormi pendant environ cinq cent minutes. Je réveille Rémi et Valou et nous prenons rapidement un petit déjeuner, servi par la gérante qui a accepté de le faire à cette heure-ci en raison du rythme totalement déréglé que nous offrent ces flashs.

Quinze heures et trente-cinq minutes. Nous nous mettons au travail après notre petit déjeuner ; nous attendrons la période pré-flash à partir de seize heures et onze minutes pour finir nos routines « matinales ». Nous commençons par faire des recherches sur les cinq incidents qui se sont produits durant les huit heures et vingt minutes de notre sommeil, compressées en moins de quatre heures.

Les quatres premiers se dévoilent assez facilement ; un règlement de comptes à plutôt grande échelle à Marseille, moult voitures dont on perd le contrôle subitement et qui braquent des banques, un exercice d'alerte incendie dans un collège alsacien qui vire à un énième mouvement de panique, et la chute de wxagons d'une attraction du parc Astérix. Les infos concernant le dernier incident arrivent plus lentement, puisque l'incident a eu lieu juste avant le dernier flash.

Mon attention se concentre sur la localisation de ces incidents ; aucun n'a eu lieu en Île-de-France, ou près de chez l'un d'entre nous. Pourtant, depuis le début, quasiment tous les incidents se sont produits de sorte à nous affecter nous ; et je serais vraiment étonné qu'il y ait quelqu'un d'autre que moi qui ait pu être présent à tous les incidents ou presque. Craignant de devenir trop égocentrique, je préfère ne rien dire, juste faire une petite remarque à voix haute et passer à autre chose.

Nous continuâmes à travailler jusqu'à environ dix-sept heures, en période post-flash, après le premier flash de la nuit. Nous voulions attendre la nuit pour pouvoir investiguer plus discrètement et éventuellement pouvoir suivre des rôdeurs suspects sur l'île.

Notre plan fut donc de chercher toutes les pistes possibles ; scanner les réseaux Wi-Fi, les périphériques Bluetooth ou les fréquences radio sur l'île, analyser les installations électriques, et même pourquoi pas cartographier les égoûts.

Équipés de nos téléphones, de deux talkies-walkies, d'un ThinkPad disposant d'une installation toute neuve de Kali Linux, de lampes torches, de papier, de crayons, et de réserves d'eau et de nourriture, nous partîmes en chasse du moindre indice aux abords et sur l'île Seguin à dix-sept heures et dix-huit minutes, heure de Paris, ce samedi vingt-quatre décembre.


Commentaires

Lucidiot, 2018-02-13

Haha, merci ! Et c'est sans doute un bug lié à ma version de PHP. Le site est en très lente reconstruction avec Django donc ça sera réglé plus tard ^^

fluffy, 2018-02-12

Le passé simple ?
J'espère qu'un sudo rm -f / suffira à désactiver Xana pour de bon. Enfin essie de sauver Aelita quand même. ^^

Lucidiot, 2018-02-12

Oui, vers la fin de l'histoire j'utilise beaucoup le passé simple alors j'ai fait du méta. Pour le reste, pas de spoil !

fluffy, 2018-02-12

Tiens, mon emoji (ok_hand) s'est transformé en ?. Ca me fait plaisir en tous cas de lire cette histoire !