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Another World

Lord Vlad Critique 2018-06-03
Critique de jeu rétro, multi support


Another World est un jeu Amiga, à l'origine, mais il est bon de noter qu'il a été adapté sur 3DS, Gameboy Advance (en freeware, à jouer sur émulateur) et téléphone, ainsi que de nombreuses autres plateformes. Le jeu a déjà une certaine renommée en fait, mais comme elle se ternit naturellement, normal après 20 ans, pourquoi ne pas la renouveler un peu ?

Dans ce jeu, vous vous mettez dans la peau d'un homme absolument maudit. Tout d'abord, il est roux, en plus, il va faire des expériences dans un accélérateur de particules les soirs d'orages, signe qu'il est le larbin à son boulot malgré ses probables diplômes et pire que tout, la foudre frappe son expérience et il se retrouve transporté dans un autre monde dans lequel il peut mourir dans les trois secondes qui suivent son arrivée.

En effet, de suite vous serez dans une petite piscine dans laquelle vit un monstre tentaculaire qui n'arrive pas à vous voir comme autre chose qu'un snack bienvenu, de même d'ailleurs que l'élément mobilier qui a accompagné votre transport. Après en être sorti, vous devez vous éloigner en moins de cinq secondes, sans quoi un tentacule sort de l'eau et vient vous ramener dans la gueule du monstre. Si vous allez à gauche, vous ne rencontrez qu'un ravin, si vous allez à droite vous tombez sur un petit lot de mollusques venimeux dont une simple écorchure d'un dard vous tuera. Si vous êtes assez chanceux pour en réchapper, vous serez déçu de tomber quelques mètres plus loin sur ce qui ressemble fort au croisement hasardeux entre un ours et un tigre. Et si encore une fois, par une chance inouïe, vous y survivez plus de trente secondes, sans aller voir la solution sur le net, vous serez capturé par des aliens, pour lesquels c'est vous qui êtes un alien...

Bref, vous vous êtes fourré dans un bordel terrible et vous allez devoir mourir une bonne tri-centaine de fois pour en sortir. Aidé d'un pistolet alien qui peut tirer avec deux puissances et créer des champs de forces, d'un compagnon alien et surtout de beaucoup de chance, vous allez devoir désintégrer une vingtaine d'aliens avec exactement la même arme que vous, qui vous pulvérise en un coup si elle vous touche. De fait, il n'y a pas de seconde chance dans ce jeu, si quelque chose de plus ou moins dangereux vous touche, vous êtes mort. On peut cependant saluer l'effort de la crédibilité des dangers encourus, excepté le poison qui n'est pas un danger si évident, vous mourrez généralement réduit en cendres, intégralement mangé, embroché sur une pique ou d'une chute de plus de dix mètres. Un peu plus héroïque qu'un Spirou tué par un pot de fleur ou un Tintin éjecté d'un train en marche par une valise démoniaque.

Le principal attrait de ce jeu est son ambiance, outre le danger omniprésent, on a absolument aucune interface, pas de cœurs, il n'y en aurait qu'un de toutes manières, pas d'inventaire, inutile vu que le seul objet ramassé est un pistolet. Rien, pas d'indice sur quoi faire, pas de rappel de ce qui a été fait, pas de temps, rien. Avec juste cela, on favorise grandement l'immersion et cela augmente encore le second attrait de ce jeu : la difficulté. Ce jeu n'est pas parfaitement sadique, avouons-le, en y consacrant les temps libres d'une semaine et avec un peu de doigté, il est tout à fait finissable sans solution. Si vous n'avez pas envie de trouver les solutions par vous-même, et que vous utilisez un guide, il faudra tout de même une longue soirée pour finir le jeu. En speed run parfait, le jeu doit pourtant prendre une demi-heure, maximum. Même en ayant par cœur tous les puzzles en tête, les réaliser prend chacun une bonne dizaine, voire vingtaine d'essais. Les sauts sont parfois calculés au pixel près, les courses à travers des obstacles se font surtout par chance et les combats sont rarement aisés, même quand vous n'êtes pas assailli par deux côtés. Et les puzzles sont plutôt complexes. Les plus souvent, vous devez foncer dans le tas, constater que ça ne fonctionne pas, essayer une autre approche, constater que vous arrivez plus loin ou ailleurs... bref, vous allez réessayer souvent. De plus, tuez un ennemi de trop, ou trop tôt, du mauvais endroit, ou sans avoir fait une étape cruciale et tout est à refaire. Tous les puzzles ont un certain ordre d'exécution et les premiers essais servent en général à estimer les actions possibles avant de foncer. Il existe une et une seule suite d'événement par laquelle vous survivrez, et vous devez essayer autant de fois que nécessaire pour la réaliser exactement.

Il est difficile d'expliquer pourquoi exactement, mais ce jeu est un jeu qu'il faut avoir fini une fois dans une vie, pas seulement comme bon exemple de jeu de 20 ans, mais car il contient quelque chose d'épique et de fort que peu de jeux de nos jours réussissent à reproduire. Ne regardez pas juste un let's play, jouez-y vous-même, ou ne le faites pas, mais il n'y a qu'ainsi que l'expérience vaudra le détour.


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